[Sako]
Tant de choses à dire et j'ai plus de voix
J'ai gratté cette photo dans le sac de m'man, et au fond, je suis sûr que j'ai eu le droit
C'est tout ce que j'ai su de toi, dans mes vingt ans, avec ce que j'ai pu voir
Comme ces sanglots, ces yeux rouges qu'au plus bas elle dissimule mal
Je t'en ai voulu. Pour ces yeux-là, je t'excuse pas
Des fois, le soir venu, je mate ton plumard P'pa y entasse un tas de trucs comme si t'étais mort et plus là
Moi, je calcule pas, petit, j'y ai jamais dormi, il l'a jamais permis, même pas une fois
T'évoquant, j'ai grandi avec l'éloquence de leurs silences pour réponses
Ces silences qui n'attendent qu'un mot de plus pour devenir violence
M'man l'ignore mais je sais où elle garde le peu qu'elle racle du fond de ses poches
Qu'elle garde comme un trésor et chaque mois où elle le poste
J'y suis jamais parti, trop peur de ce que j'y trouverai
Tu lui manques, ça la ronge, mais elle bronche pas devant le daron
Remonte ses manches, fait la plonge.On parle des fois, alors ses traits s'affinent
Elle dit que t'aimais la vie et que c'est peut-être elle qui t'aime pas
J'ai connu les "ton frère-ci", les "ton frère ça"
Tu sais, ce quartier, c'est le top pour ça. Aujourd'hui, je m'en tape de qui a fait quoi
J'étais trop jeune pour comprendre, et maintenant, trop vieux pour le croire utile
On est si proche, pourtant un monde nous sépare
Paraît-il que le frère de Charedine te voit souvent, qu'il t'a en estime
Qu'il parle de parfaites cibles, de poisse et de risques, de passé triste
Il en sait plus que moi sur toi, j'avoue que ça aide qu'il sache ta vie même si parfois ça me crispe
Je prends sur moi. J'ai si souvent espéré croiser ton chemin, cherchant ton regard parmi les autres
Je sais même pas si je dois t'embrasser ou te serrer la main
Je te souhaite tout le bonheur du monde pour ce mariage, frangin
Il est encore temps de faire un bout de route ensemble, enfin, si y'a moyen
[Refrain x2]
Passent les jours défilent nos coeurs blessés, rancoeurs inutiles
Nos vies se déroulent, tête baissée tout à coup s'illuminent
Te retrouver, mon frère, j'essaie vraiment, sans doute
Allez reste près de moi, je t'offre de faire un bout de route, un bout de route
[Akhenaton]
Je sais pas quoi te dire, par où commencer
Les images se bousculent dans mon cœur, sept ans c'est long
Putain, quand je t'ai laissé t'étais gosse
V'la un bonhomme qui se présente à moi le jour de mes noces
Amenant le parfum du passé, attends, je te cause, baisse pas les yeux
Y'a tellement eu de malentendus que personne en connaît la cause
Histoires simples et turbulences, vécu d'ado
A vrai dire je me rappelle plus comment j'ai eu m’man à dos
Enfin, c'est sûrement bête comme mon départ, brutal comme mes colères, mes écarts...
Même pas une pensée à mon égard, pourquoi on se figure qu'il pleut ces jours-là ?
C'était en plein été, bordel, c'est dur de parler de ça
Mais je suis content de le faire, fallait que ça arrive
Comme collectionner les merdes, les ennuis, fallait que ça arrive
Tu sais ce qu'on dit, on ne choisit pas toujours ce qu'on veut
J'aurais aimé rester auprès de vous, et faire de mon mieux pour m'occuper de vous
En fait la vie réserve des tours de chienne, on va dire ça
A force d'entrer dans les maisons j'ai pris la porte de la mienne
Stopper mes conneries, trop peureux pour qu'on m'entrave de chaînes
Trouver un job à l'usine, tuer mon temps à la chaîne
Tuer mes joies aux tables de bars péraves, à claquer ma petite monnaie comme un con, scotché au bingo c'est grave
Enfin me voilà, sept ans et un ulcère plus tard
A dire la vérité : j'en ai marre, tu veux savoir
Aujourd'hui j'aurais cru qu'ils se pointeraient
Sourire aux coins des lèvres comme s'il s'était jamais rien passé
Voici ma femme et mon fils, tu peux les embrasser
Voici ma chemise de souvenirs, tu peux les entasser
A croire qu'une nouvelle route s'ouvre devant moi
Il est grand temps de construire, à défaut de reconstruire
[Refrain]
Paroles rédigées et annotées par la communauté française de Rap Genius